Orange

Un jour quelconque... (texte et photo Francesco Pagni)

6h30.L'air est cristallin, l'herbe d'un vert émeraude, le grand arbre respire et murmure. Odeur de jasmin. La cafetière ronronne sur le feu. Nio exige sa ration de croquettes et de calins. Mick Jagger à la radio. Un livre de Camus ouvert à la page 142. Première tasse de café. Première cigarette. Un crayon gras. Mon carnet d'esquisses à la couverture rouge, ouvert sur une page blanche. Des petits dessins, des graffitis, quelques mots. Les premières traces du matin. Sauvetage d'un petit lézard que Nio, de retour de sa première chasse de la journée m'a offert. Quelques pages de Camus. Douche bouillante. Rasage. Deuxième café. Cigarette. 8h30. Le ruban goudronné de la route se déroule sous les roues de ma moto. Le paysage vient rapidement vers moi, les champs, les arbres, les petites maisons, se déplient comme un origami à l'envers sous mes yeux, et s'échappent derrière moi. 8h50. "Café Strada Maestra", juste tout près de mon atelier. Bourdonnement, tintement de tasses, de petites cuillères, de verres. Mon capuccino est prêt. Marco, Anna, Luigi, Luisa. Quelques sourires, un peu de bavardage. 9h15. Bonjour aux odeurs de la peinture, les fenêtres de mon atelier qui s'ouvrent, le soleil qui baigne d'un coup mon univers. Orange. La couleur des tagètes, qui tout à l'heure m'ont ébloui dans mon jardin. Orange sera la lumière de ma journée de peinture, qui commence maintenant, en écoutant Rufus Wainwright. Across the univers.