Zeca chante Catarina Eufémia
Ce "Cantar alentejano", tiré de l'album "Cantigas do Maio" de 1971, est un hommage de José Afonso à Catarina Eufémia, une journalière portugaise assassinée par un lieutenant de la Guarda Nacional Republicana au cours d'une grève d'ouvrières agricoles à Baleizão, Alentejo (Portugal), le 19 mai 1954.
Catarina avait 26 ans, mariée, trois enfants, dont un de huit mois dans ses bras lorsqu'elle a été abattue.
Dans ce vidéoclip, José Afonso est accompagné à la guitare par Carlos Correia (Bóris), la gravure sur la couverture est de José Dias Coelho et les peintures sont d'Armando Alves (lui aussi originaire de la région de l'Alentejo).
À propos de cet enregistrement, réalisé en France au château d'Hérouville, le producteur José Mário Branco a dit: «Zeca a toujours de la difficulté à rester dans un studio pendant une longue période. Il restait encore une belle et difficile chanson à enregistrer, 'Cantar Alentejano', plus connue sous le nom de 'Catarina'. J'avais décidé que cette chanson n'aurait pas d'autre accompagnement que de la guitare. Il a été laissé à la voix de Zeca, sans filet. Il n'arrêtait pas d'ajourner l'enregistrement et je n'arrêtais pas de le presser. Un jour, à mi-chemin de l'enregistrement de la voix d'une autre chanson, je pense que c'était "Senhor Arcanjo", Zeca s'arrêta et a dit : "hé, attends un peu pendant que je vais dehors pour regarder les vaches". Le château où était installé le studio se trouvait au milieu d'une prairie. Après une heure, il est revenu et a dit : "maintenant nous pouvons enregistrer 'Catarina'". Bóris s'est enfermé dans la cabine et Zeca était seul au milieu du studio, dans le noir, et a enregistré Catarina en une seule prise. Quand c'était fini, le technicien, moi, les amis présents, Zélia, Isabel, mon ex-femme, et Chico Fanhais, nous pleurions tous.»
(José Mário Branco, dans "Livra-te do Medo", de José A. Salvador, éd. A Regra do Jogo, 1984)
Je remercie mon ami Carlos Matos pour sa précieuse collaboration : pour la découverte que j'ai faite grâce à lui du peintre Armando Alves, le rythme très particulier qu'il a donné à ce clip, la traduction et le choix des illustrations ainsi que la gravure de couverture. C'est toujours un vrai plaisir de travailler ensemble...